Le rapport « Future of Jobs 2025 » du Forum Économique Mondial s’inscrit dans une démarche prospective visant à analyser les évolutions structurelles qui redéfinissent le marché du travail à l’échelle mondiale et locale d’ici 2030. À travers une enquête menée auprès de plus de 1 000 employeurs représentant 14 millions de travailleurs dans 22 secteurs et 55 économies, ce document met en exergue les tendances émergentes, les défis anticipés et les opportunités qu’offre cette période de transformation.
Pour le Maroc, plusieurs dynamiques globales, notamment la transition écologique, les changements technologiques et démographiques, ainsi que l’incertitude économique, s’entrelacent pour façonner un marché de l’emploi en mutation rapide. Les entreprises marocaines, interrogées dans le cadre de cette étude, identifient la transition verte et les conditions économiques incertaines comme des moteurs clés de ce changement. Cependant, elles soulignent également les défis que représentent les lacunes en matière de compétences et la résistance au changement organisationnel, perçus comme les principaux obstacles à l’adaptation.
À l’horizon 2030, le rapport projette une reconfiguration notable des emplois et compétences. Les employeurs marocains anticipent une demande croissante pour des expériences en intelligence artificielle, en big data, en leadership et en pensée créative, tout en mettant en avant une volonté accrue de miser sur la jeunesse et sur la diversité des talents. Près de 86% des entreprises du Royaume affirment vouloir prioriser les jeunes dans leurs stratégies de diversité, un taux significativement supérieur à la moyenne mondiale.
Dans ce contexte, le rapport table sur une croissance nette de 78 millions d’emplois à l’échelle mondiale, résultant de la création de 170 millions de nouveaux postes. Au Maroc, la dynamique démographique et l’optimisme des employeurs quant à la disponibilité des talents apparaissent comme des facteurs clés pour la création d’opportunités. Cependant, cette transformation s’accompagne d’une « instabilité des compétences », avec près de 39% des aptitudes actuelles des travailleurs marocains appelées à évoluer ou à devenir obsolètes.
Les secteurs les plus prometteurs incluent ceux liés à la technologie, à l’écologie, et à l’économie des soins. Des postes tels que spécialistes du big data, ingénieurs en énergies renouvelables ou encore professionnels des soins personnels devraient connaître une forte demande. En revanche, des emplois plus traditionnels comme ceux de bureau et de secrétariat pourraient décliner, poussés par l’automatisation et l’intelligence artificielle.
Dans ce contexte, les employeurs marocains se préparent à relever ces défis en mettant un accent particulier sur la formation, la requalification et le bien-être de leurs employés. Le rapport révèle que 85% d’entre eux prévoient d’améliorer les compétences de leur personnel, tandis que 70% envisagent des embauches stratégiques. De plus, une grande majorité estime que la santé et le bien-être des employés constitueront un atout décisif pour attirer et retenir les talents.
Enfin, alors que l’intelligence artificielle s’impose comme un catalyseur clé de la transformation du marché de l’emploi, le rapport souligne que 50% des employeurs marocains envisagent de réorienter leur organisation en réponse à cette technologie. Cela pourrait inclure le recrutement de nouveaux talents spécialisés et la reconfiguration des rôles existants pour s’adapter à cette nouvelle ère numérique.
En somme, le « Future of Jobs 2025 » offre une feuille de route claire pour anticiper et accompagner les mutations à venir. Pour le Maroc, il s’agit non seulement de surmonter les défis structurels, mais aussi de saisir les opportunités d’un marché en profonde transformation, où compétences, innovation et résilience seront les maîtres-mots.